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A
- Abeilles: n.f. cité dans l'INDEX
(page 98, le_theope et jaru)
Tout d'abord signalons que
les "abeilles" industrieuses sont citées 3 fois dans les Lettres
de l'Institut Three Attic Whalestoe (Annexe II E).
Première apparition
dans celle du 5 avril 1986 où Pelafina compare les aides-soignants
à des abeilles industrieuses (p. 631) . Or Johnny parle d'"abeilles"
à la page 105 (chapitre VIII - SOS, qui lie intimement P et JE),
lorsqu'il se souvient de son séjour en Alaska en 1984: "à
endurer d'innombrables piqûres de moustiques, même d'abeilles
- mon étrange sort -", comme Pelafina qui subit les "piqûres"
des infirmiers. JE semble avoir le même genre de délire que
sa mère lorsqu'il écrit ceci, à savoir qu'il pourrait
croire plutôt au "destin" (le sort) qu'au hasard. Mais j'ai presque
envie d'opter pour une malédiction, un sortilège, pour le
mot "sort" (VO ?) vu le nombre d'allusion aux sorcières que fait
P. dans ses lettres. Il y a aussi des "abeilles" dans l'énorme phrase
de la page 79 (Notes de fin du chapitre VI). JE parle d'une des premières
lectrices de Z et d'un discours que Z a tenu avec elle "sur le confort,
la mort et la légende, mais aussi les mères & les filles
et les oiseaux & les abeilles et les pères & les fils et
les chats & les chiens" etc. Je me demande s'il ne se pourrait pas
que cette fameuse lectrice soit Pelafina puisque l'on retrouve tous ces
éléments dans ses lettres. C'est intéressant de retrouver
ici les liens filiaux indiquant peut-être une parenté entre
JE, P et Z ainsi que les oiseaux (pélican ?) et les chats et les
chiens (Hillary et Mallory ?). Après cette discussion, la lectrice
en question semble se perdre et est en proie à une hallucination.
JE dit qu'elle lui a raconté cette histoire, "ou du moins en partie"
et elle évoque des "rubans de brume marine". P utilise souvent ce
mot "rubans" qui, chez elle, ont des couleurs différentes. Il semblerait
que Zampanò ait eu connaissance des lettres, comme l'atteste l'acrostiche
révélé "Cher Zampanò, qui as tu perdu ?" dans
la lettre du 5 avril 1986. Donc, celui-ci sait déchiffrer les codes
des lettres, et JE interprète/espère/entrevoit une liaison
entre P et Z.Le problème dans tout cela, c'est l'ordre des événements,
du moins, comment ils sont restitués par les différents protagonistes.
Abeilles apparaît
aussi page 80 : "il s'avance [...] des abeilles voletant près de
ses bottes..." On n'est pas loin du pied et de ses problèmes de
pourrissement, d'entravement, etc.
Enfin, les dernières
"abeilles" apparaissent dans le texte d'Homère (Illiade) dans l'annexe
II F. (citations diverses). Concernant le thème des abeilles dans
la MDF, cela m'a fait penser à la légende d'Aristée,
qu'on retrouve dans Les Géorgiques de Virgile: fils d'Apollon
et de la nymphe Cyrène, Aristée est le maître des abeilles
et aurait enseigné l'apiculture aux humains. Surtout, c'est lui
le responsable indirect de la mort d'Euridyce, la compagne d'Orphée.
Aristée tombe amoureux d'Euridyce, qui s'enfuit et marche malencontreusement
sur un serpent venimeux. Elle meurt de la morsure et Orphée entreprend
vainement son voyage aux enfers pour essayer de la sauver. En représailles,
il détruit les ruches d'Aristée, mais ce dernier prie alors
Cyrène et lui sacrifie quatre taureaux et quatre génisses.
Des corps en putréfaction naît quelques jours plus tard un
nouvel essaim qui permet à Aristée de reconstituer son élevage.
Il y avait apparemment pour
les grecs une analogie entre les mouches qui se développent parfois
dans les cadavres et les abeilles, dont on a longtemps ignoré le
système de reproduction. On peut peut-être voir un lien avec
le thème du pied pourrissant de Navy, et celui du Minotaure. Je
signale aussi qu'en astronomie, les constellations de l'abeille et du taureau
sont voisines.
Il y a d'autres mythes mettant
en relation les abeilles et la décomposition cadavérique:
citons encore la célèbre énigme de Samson dans l'ancien
testament, "de ce qui mange est sorti ce qui se mange et du fort est sorti
le doux", qui désigne le crâne fracassé d'un lion dans
lequel un essaim s'est installé; et la naissance d'Orion, dont le
père Hyrieus (=essaim en grec) prie les dieux de lui créer
un fils en leur sacrifiant un taureau dont il enfouit la peau sous terre.
Zeus, Poséidon et Hermès répandent leur semence sur
la dépouille et en naît alors le géant Orion .
La constellation d'Orion
est également voisine du taureau et de l'abeille.
Quelques commentaires en
plus sur les abeilles (merci le_theope):
Elles apparaissent pour
la première fois dans le Navidson Record avec l'arrivée d'Holloway
au chapitre VII, "des abeilles voletant près de ses bottes".Ce dernier
est accompagné par Wax, qui signifie, comme chacun sait, la cire.
De plus, le mot désigne aussi par métonymie, en argot américain,
les disques vinyle aux sillons en spirale -c'est moins pertinent je vous
l'accorde mais rappelez-vous le Majotaure d'Hofstadter qui erre dans un
labyrinthe en spirale qui n'est autre que le sillon d'un disque vinyle.
Enfin, c'est Wax qui embrasse Karen à la fin du chapitre. Aristée
séduit Euridyce!
Les abeilles habitent aussi
une maison, la ruche. Mais si on s'intéresse
cette fois à l'individu et non plus au collectif « abeilles
», cet insecte symbolise l'âme. Pour les Chrétiens elle
devient un symbole de résurrection, car elle disparaît durant
les 3 mois d'hiver (3 jours du Christ) pour ressortir de la ruche au printemps.
Il y a aussi tout une symbolique liée au miel et au dard (les piqûres
des aides-soignants) d'où cette dualité douceur/justice.
Enfin dans « Les Lettres
de Pelafina » les abeilles apparaissent à nouveau dans l'avant-propos
de Walden D. Wyrtha daté du 6 août 2000 où P est prise
de panique à la vue de l'insecte.
Laissons à pwhite
le dernier mot : "Ce n'est non plus selon le_theope que selon moy, puis
que luy et moi l'entendons et voyons de mesme. Les abeilles pillotent deçà
delà les fleurs, mais elles en font après le miel, qui est
tout leur; ce n'est plus ni thin ny marjolaine: ainsi les pieces empruntées
d'autruy, il les transformera et confondera, pour en faire un ouvrage tout
sien, à sçavoir son jugement"
C - Crabe:
n.m. cité dans l'Index comme INEX en VF et DNE en VO
(page98, Nash, garp, le_theope,
jaru)
Notre propos va plutôt
se concentrer sur son cousin éloigné, le cancer. Les signes
du zodiaque et d'une manière générale les constellations
sont présentes d'une manière ou d'une autre dans la MDF.
Le calligramme de la page 446 semble être une représentation
de la constellation du Cancer., ce signe astrologique étant celui
de Johnny. De même, la maladie, le cancer touche certains protagonistes
du livre. Raymond : une "improbable malédiction" fait qu'un cancer
s'est emparé de ses os, perforant son foie et son pancréas.
Il meurt quand JE a 16 ans. Cette malédiction est probablement celle
que lance Pelafina dans sa lettre du 15 mars 1984 (p. 614). Karen est touchée
aussi par la maladie et cela est annoncée dès le début
du roman par une prolepse : "Fais attention, un jour je serai chauve et
tu regretteras de les avoir jetés" (les cheveux) p. 11, ainsi que
dans la note de commentaire. Va-t-on voir resurgir la toujours irrésolue
énigme du gnome chauve Erreur ? (cf. journal de Zampanò).
De plus, si Karen semble déjà savoir qu'elle suivra une chimiothérapie,
cela ne rejoint-il pas la thèse Pelafina Li(e)vre-auteur = Karen-personnage
? Toujours est-il que la maladie a affecté réellement l'auteur
puisque son propre père Tad Danielewski (TZD) meurt du cancer le
6 janvier 1993. A noter que Zampanò qui est la figure du père
dans la MDF meurt aussi un 6 janvier (1997). Le même jour (de l'Epiphanie!)
la théorie de Haven-Slocum (p. 408) est exposée, soulignant
probablement son importance.
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